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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 16:40

     

  Titre les mères Hitchcock



 

Souvent possessive, autoritaire, jalouse, castratrice même, la mère est rarement présentée comme un personnage positif dans l'œuvre d'Hitchcock. Faut il y voir un ressentiment envers sa propre mère ? C'est peu probable et sans doute très loin de la vérité car il a toujours parlé de celle-ci en termes élogieux et lui a voué une certaine admiration même s'il a parfois sous-entendu des relations qui pouvaient être difficiles. Il faut y chercher plus certainement les difficultés qu'il a toujours rencontrées avec la gent féminine, complexé par son physique et tourmenté par ses fantasmes. S'il a toujours magnifié ses héroïnes, chaque mère représente sans doute une part plus ou moins sombre des relations difficiles qu'Hitchcock entretenait avec les femmes. On ne retrouve pas en effet de "pères" aussi tourmentés ou négatifs au long de ses films.

 

Voici le portrait des mères les plus significatives apparaissant dans l'oeuvre du réalisateur et abordées par date de sortie des films.

 

A noter que seules les mères du héros ou de l'héroïne ont retenu mon attention. Même si elles ont parfois un rôle fort (comme par exemple Doris Day dans  L'Homme qui en savait trop), les mères de jeune enfant qui sont donc également elles-mêmes l'héroïne ne sont pas évoquées.

 

 

 

 

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L'OMBRE D'UN DOUTE
(SHADOW OF A DOUBT - 1943)

 

PATRICIA COLLINGE (Emma Newton, la mère de Charlie)

Gentille fofolle, aveuglée et dépassée.
               

                                                         Patricia Collinge Ombre d un doute (1)    Teresa Wright Patricia Collinge L ombre d un doute

 

 

Assurément Emma Newton, la mère de Charlie l'héroïne, est l'une des plus adorables brossées par Hitchcock dans un de ses films. Faut-il y voir le fait que sa propre mère est tombée malade pendant la préparation et est décédée durant le tournage de L'Ombre d'un doute le 26/09/42 ? Cela paraît improbable puisque le scénario était écrit bien avant en revanche, il semble acquis que le fait de la prénommer Emma comme la mère du réalisateur est bien une façon de lui rendre hommage et en quelque sorte de l'immortaliser.
Délicieusement un peu dérangée, la gentillesse personnifiée et toujours souriante, Emma Newton semble ne pas avoir de défaut majeur et porte un amour attentif à ses enfants, son époux et plus que tout envers son jeune frère (également prénommé Charlie) venu échapper à la police qui le traque. Elle s'investit à fond pour sa petite famille et semble être dévouée corps et âme pour le bien de tous. Elle méconnaît le "mal" et ne voit pas les horribles travers de son frère qui est en fait un dangereux criminel qui tue sans remords de riches veuves. Ce ne sera pas elle qui sauvera sa fille des griffes du "diable" mais bien l'inverse, la jeune Charlie en découvrant la vraie personnalité de son oncle protégera sa mère qui n'aurait pas supporté une telle trahison.


Patricia Collinge en bref : actrice irlandaise née en 1892 et morte en 1974. Essentiellement actrice de théâtre ou de seconds rôles, elle participe là à son deuxième film et tient sans doute son rôle le plus intéressant.
Egalement écrivain, elle a écrit la scène se déroulant dans le garage et durant laquelle le jeune détective déclare son amour à l'héroïne.

 

 
 
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LES ENCHAÎNÉS
(NOTORIOUS - 1946)
  
LEOPOLDINE KONSTANTIN (Mme SEBASTIAN, la mère d'Alexander) 
 
Glaciale et castratrice.
 
                                                         Leopoldine Konstantin Les enchaines (1) Claude Rains Leopoldine Konstantin Les enchaines   
 
De toutes les mères autoritaires qui parsèment l'œuvre d'Hitchcock, il est indéniable que Mme Sebastian, dont le fils Alexander est un espion nazi dans Les Enchaînés, est la plus redoutable et la plus castratrice d'entre toutes.
Son regard glace le sang, rien ne peut lui arracher la moindre esquisse d'un sourire et elle développe instantanément une jalousie sans borne envers Alicia Hubermann qu'elle voit comme une rivale qui va lui voler son fils.
Elle manipule bel et bien Alexander qui n'ose s'opposer à elle, malgré son statut de chef d'un réseau nazi durant la seconde guerre mondiale, et pousse ce dernier à se débarrasser de celle qui est devenue son épouse une fois qu'ils ont découvert qu'elle était en fait un agent des Services secrets américains chargée d'infiltrer le réseau.
Faussement affable avec sa bru, elle ne cesse de l'épier du coin de l'œil et s'efforce finalement avec succès de convaincre son fils que sa trop belle épouse n'est pas celle qu'il croit, aveuglé par l'amour sans retenue qu'il lui porte.


Leopoldine Konstantin en bref : actrice tchèque née en 1886 et morte en 1965, elle a fui le nazisme et sa carrière d'actrice pour trouver refuge aux Etats-Unis où elle mène tant bien que mal sa carrière. Les Enchaînés est son dernier film pour le cinéma, elle a tourné ensuite dans quelques épisodes de séries TV.
 
 
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L'INCONNU DU NORD-EXPRESS

(STRANGERS ON A TRAIN - 1951)
 
MARION LORNE (Mme ANTHONY, la mère de Bruno)
 

Dérangée et insouciante.

 
                                                                                           Marion Lorne L inconnu du Nord Express (1)     Robert Walker Marion Lorne L inconnu du Nord Express
 
Qui de Bruno Anthony ou de sa mère est le plus fou des deux ? Difficile de répondre... Le fils est, certes, beaucoup plus dangereux mais la mère est incontestablement tout autant dérangée.
Mère poule envers son fils qu’elle ne veut pas laisser grandir, elle lui pardonne tout et le soutient malgré l’opposition de son époux qui le considère à juste titre comme un bon-à-rien.
Elle va jusqu’à minimiser tous ses actes et le croit incapable de nuire à quiconque préférant répondre d’un rire insouciant aux propos de la fiancée de Guy Haynes venue lui faire part des intentions meurtrières de son fils Bruno.
Elle s’adonne par ailleurs à la peinture avec un succès et un talent très relatifs…


Marion Lorne en bref : actrice américaine née en 1883 et morte en 1968, elle a connu le succès au théâtre et n'a participé qu'à 3 films de cinéma. Elle restera à jamais l'inénarrable tante Clara de la série américaine Ma Sorcière bien aimée. Ses pouvoirs surnaturels légèrement défaillants sont cause de bien des tracas. 
 
 
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LA MAIN AU COLLET
(TO CATCH A THIEF - 1955) 
   
JESSIE ROYCE LANDIS (Jessie Stevens, la mère de Frances)

 

Veuve joyeuse et clairvoyante.
 
                                                                     Jessie Royce Landis La main au collet (1)   Grace Kelly Jessie Royce Landis La main au collet
 
                                                                       
Légèrement alcoolique et désoeuvrée, cette riche veuve mène la grande vie aux côtés de sa superbe fille Frances (Francine dans la version française) incarnée par Grace Kelly. Lorsqu'un ancien cambrioleur (Cary Grant) recherché par la police qui le soupçonne d'être l'auteur de nombreux vols perpétrés dans les palaces de la Côte d'Azur surgit dans leur vie, elle se rend compte avant sa fille que ce dernier ne s'intéresse pas à ses bijoux mais cherche au contraire à confondre le malfaiteur. Faussement idiote et désinvolte elle comprend bien vite qu'elle a tout à gagner à laisser agir celui que la police surnomme "le Chat" : elle récupérera ses bijoux finalement volés et trouvera un gendre à la mesure de sa fille. Manifestement celle-ci aura du mal à vivre loin de sa mère puisque lorsqu'elle découvre la superbe villa de son fiancé, elle s'empresse de lui dire que sa mère va l'adorer…
Jessie Royce Landis joue aux côtés de Cary Grant qu'elle retrouvera en 1959 pour incarner cette fois sa mère dans La Mort aux trousses. Contrairement à ce second film, elle est  crédible, étant âgée de 25 ans de plus que celle qui joue sa fille.

 
 
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LA MORT AUX TROUSSES
(NORTH BY NORTHWEST - 1959) 
   
JESSIE ROYCE LANDIS (Clara Thornhill, la mère de Roger)

 

Couveuse.
 
                                                                   Jessie Royce Landis La mort aux trousses (1)    Cary Grant Jessie Royce Landis La mort aux trousses                                                                                                  
Pour sa 2ème collaboration avec Hitchcock, Jessie Royce Landis tient le rôle de la mère de Roger Thornhill (Cary Grant) qui suite à un concours de circonstances est pris pour un autre par une organisation qui cherche de ce fait à l'éliminer.
Mère poule écervelée et ne prenant jamais son fils au sérieux lorsqu'il lui raconte qu'on a voulu le tuer, elle pousse même la gaffe jusqu'à demander directement aux malfrats qu'elle rencontre dans un ascenseur bondé s'ils voulaient vraiment faire du mal à son fils.
Bien que son rôle soit peu développé, elle sait malgré tout s'y montrer convaincante et pleine d'humour.
 
Jessie Royce Landis en bref : actrice américaine, né en 1904 et morte en 1972, la plus grande partie de sa carrière se déroulera au théâtre. Elle incarnera également la mère de Grace Kelly dans son film suivant Le Cygne de Charles Vidor en 1956.
 
projecteur3  Voir également dans Friand'Hitch l'anecdote "Connaissez-vous ma (très jeune) mère ?"
 
 
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PSYCHOSE
(PSYCHO - 1960) 
 
UN MANNEQUIN (Mme BATES, la mère de Norman)

 

Empaillée.
 
                                                                    Mère Psychose (1)    Anthony Perkins et sa mère Psychose
 
La mère la plus présente dans tous les films d'Hitchcock et aussi celle qu'on ne voit jamais, ou très peu et pour cause, elle est morte depuis de nombreuses années !
Elle vit au travers de son fils Norman Bates investit d'une double personnalité.
Doux et innocent jeune homme lorsqu'il est lui-même, il devient un dangereux meurtrier lorsque sa mère prend son pouvoir et qu'il se métamorphose sous ses traits.
Il est complètement sous son emprise, son esprit dérangé l'innocentant complètement de ses crimes, il est convaincu que c'est sa mère qui les a perpétrés et il fait son possible pour les dissimuler, notamment en nettoyant les lieux et en faisant disparaître les preuves.
Le génie d'Hitchcock a consisté à faire croire durant la production, qui s'est déroulée dans le plus grand secret, que le rôle d'une "madame Bates" existait bel et bien. Son cadavre momifié qu'on ne découvre qu'en toute fin du film n'est en fait que sa seule représentation.


 
 
 
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LES OISEAUX
(THE BIRDS - 1963) 
   
JESSICA TANDY (Mme BRENNER, la mère de Mitch)

 

Jalouse et possessive.
 
                                                                    Jessica Tandy Les oiseaux (1)    Rod Taylor et Jessica Tandy Les oiseaux (2b) [%P]  
 
 
Qui est donc cette jeune femme trop belle et trop sophistiquée (Tippi Hedren) qui débarque un beau jour à Bodega Bay ? Mme Brenner la voit d'un sale œil, convaincue qu'elle va lui "voler" son fils (tout de même largement trentenaire) qu'elle couve en mère possessive.
Il est vrai que ce dernier ne semble pas insensible à la belle mais sa mère la juge immédiatement sévèrement d'un regard froid et noir. Elle ne supporte pas l'idée qu'étant déjà veuve, son fils par ailleurs assez peu indépendant bien qu'avocat puisse lui échapper totalement.
Semblant, comme tout le village, rendre Melanie Daniels responsable de tous les malheurs qui s'abattent sur cette paisible région, elle finit au gré des événements par découvrir qui elle est vraiment et apprécie son dévouement et l'attention qu'elle porte à sa jeune fille puis à elle-même.
L'interprétation de Jessica Tandy est particulièrement réussie, elle montre parfaitement la distance puis l'affection que lui provoque Melanie, et elle va de ce fait desserrer peu à peu l'étau dans lequel elle avait enfermé son fils. On a du mal à imaginer sa réelle beauté sous son visage grave et glacial tant elle est métamorphosée pour tenir ce rôle.


Jessica Tandy en bref : actrice anglaise, née en 1909 et morte en 1994. Elle a surtout consacré sa carrière au théâtre où elle a interprété de très grands rôles. Elle a été l'épouse de Hume Cronyn, acteur dans 3 films et collaborateur d'Hitchcock. 
 
 
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PAS DE PRINTEMPS POUR MARNIE
(MARNIE - 1964)
 
 LOUISE LATHAM  (Mme EDGAR, la mère de Marnie)
 
Traumatisée et sacrifiée.
 
 
                                                                 Louise Latham Marnie (1)    Tippy Hedren et Louise Latham Marnie
 
On ne sait vraiment qu'en toute fin du film pourquoi Marnie a des rapports si conflictuels avec sa mère et par voie de conséquence avec les hommes.
Sans révéler l'intrigue, on apprend que sa mère sous ses dehors si peu affectifs vouait à sa fille un amour intense au point d'avoir sacrifié sa vie pour la protéger. Elle finira d'ailleurs par lui avouer "qu'elle est la seule personne qu'elle ait jamais aimée".
Froide et distante, rien ne peut lui arracher un sourire mais on apprendra que sa vie n'a pas été rose, loin de là. Si sa fille a été en partie responsable de cette vie difficile, elle ne lui en tient pas rigueur et la scène finale laisse augurer des retrouvailles pleines d'amour.


Louise Latham en bref : actrice américaine née en 1922, elle n'a pratiquement joué que dans des téléfilms. Malgré les apparences, elle n'était âgée que de 8 ans de plus que Tippi Hedren dont elle interprète la mère.
 
 
 
 
 
            
 

 

 
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commentaires

S
Seriously! That was the exact phrase that I was looking for. Kindness personified! Seasoned actress Emma Newton had a point to prove. Everyone wrote her off after her repeated failures. But she made an exceptional come back! All thanks to Hitchcock for casting her in the movie.
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