Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 21:48

 

Titre les acteurs essentiels

 

Comme on l'a vu, Alfred Hitchcock prenait un soin tout particulier à choisir ses actrices, ce qui ne veut pas dire qu'il prenait à la légère la distribution masculine de ses films. Dans ce domaine, il s'en tenait souvent à des valeurs sûres, c'est pour cette raison que James Stewart et Cary Grant, deux acteurs dont il connaissait parfaitement les qualités et qu'il appréciait, ont tourné chacun à quatre reprises pour le Maître. Bien qu'appréciés tous les deux, ils n'étaient toutefois pas interchangeables et chacun campait un type de personnage bien défini. James Stewart incarnait à merveille un homme ordinaire, sensible et parfois dépassé alors que Cary Grant interprétait des rôles de séducteur avec un aspect plus physique. D'autres grands noms ont aussi contribué à faire de l'oeuvre d'Hitchcock ce qu'elle est, riche, homogène et éternelle...

Il est constant que lorsqu'il a travaillé avec des acteurs qui lui ont été imposés, le résultat final est moins convainquant car plus que tout autre metteur en scène, Hitchcock SAVAIT quel acteur correspondait au personnage tel qu'il voulait le voir à l'écran.

 

Voici une petite revue des acteurs qui ont le plus compté pour le réalisateur :

 

 

 



Robert Donat  Donat regard

  (1905-1958)

   
 
Les 39 Marches (1935) : Richard Hannay
(The 39 steps)

 


Robert Donat et Hitchcock

 
 
Hitchcock qui avait vu et admiré Robert Donat dans ses précédents rôles a tenu à l'engager pour interpréter Richard Hannay, le héros du film Les 39 marches qui allait devenir un très grand succès du cinéma anglais. Il appréciait son charme et considérait qu'il faisait un très beau couple aux côtés de Madeleine Carroll.
Donat accepta avec joie ce rôle mais ne tarda pas, tout comme Madeleine Carroll, à découvrir le plaisir un peu malsain que le cinéaste avait à faire des farces pas toujours de très bon goût.
En effet, dès le premier jour du tournage, et alors que les deux héros ne se connaissaient pas, devait se tourner la scène durant laquelle ils s'échappent tous les 2, attachés par des menottes. Hitchcock prit un malin plaisir à disparaître durant toute la journée avec la clé et à les laisser ainsi, ne les délivrant qu'en soirée avec un large sourire. La blague a été modérément appréciée par les deux protagonistes…
Malgré tout Robert Donat n'a pas eu de rancune envers Hitchcock et cet incident ne l'a pas empêché d'être parfait dans ce thriller échevelé mêlant action et humour avec le même bonheur. Il campe un couple très bien assorti avec la délicieuse Madeleine Carroll adulée par le réalisateur.
Hitchcock avait également pensé à Robert Donat pour tenir un rôle dans son film suivant Quatre de l'espionnage, mais le projet n'a pas abouti pour différentes raisons.
Donat eut malheureusement une carrière courte en raison de graves problèmes de santé. Il est décédé à l'âge de 53 ans.
 
Robert Donat Les 39 marches
 

 

 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 
Cary Grant  Grant regard

  (1904-1986)

 
Soupçons (1941) : Johnnie Aysgarth
(Suspicion)
   
Les Enchaînés (1946) : Devlin
(Notorious)
   
La Main au collet (1955) : John Robie dit "Le Chat"
(To catch a thief)
   
La Mort aux trousses (1959) : Roger Thornhill
(North by Northwest)
 
Cary Grant et Hitchcock
 
 
Cary Grant est avec James Stewart l'acteur favori d'Hitchcock. Les deux hommes se connaissaient bien et s'appréciaient et Hitchcock qui avait en horreur les choses non prévues, savait exactement à quoi s'attendre avec le jeu d'acteur de Cary Grant. Il représentait le type même du séducteur plutôt athlétique et il lui a toujours confié des rôles en rapport avec son physique et sa personnalité. Seul bémol à leur longue collaboration, le côté "star" de Grant qui avait des exigences financières et matérielles qui déplaisaient fortement au cinéaste. Malgré tout, son dégoût des affrontements et le fait qu'il savait tout ce que Grant pouvait apporter à la réussite d'un film fit que jamais Hitchcock ne trouva à redire sur la façon de travailler de son acteur.
Dès 1941, il l'engage pour le rôle de Johnnie Aysgarth dans Soupçons, homme légèrement malhonnête mais qui en aucun cas n'a cherché à se débarrasser de sa femme comme on peut le penser.
Dans Les Enchaînés en 1946, Cary Grant tient sans doute son meilleur rôle dans un film du Maître. Il joue en compagnie d'Ingrid Bergman et campe le personnage de Devlin, agent des Services spéciaux amoureux sans pouvoir le dire de celle qu'il jette dans les bras d'un ancien nazi, pour pouvoir permettre son arrestation.
Hitchcock pense à nouveau à Cary Grant pour incarner Rupert Cadell dans son film suivant La Corde en 1948 mais le personnage ne plaît pas beaucoup à l'acteur qui finalement déclinera l'offre.
On le retrouvera dans La Main au collet en 1955, agréable et léger divertissement dont le but essentiel est de mettre en valeur la magnifique Grace Kelly à chaque fois qu'elle apparaît à l'écran. L'histoire est prétexte à découvrir les superbes paysages de l'arrière pays provençal et Cary Grant incarne un ancien cambrioleur que tout semble accuser mais qui parvient à confondre le vrai coupable.
Bien que sa carrière cinématographique soit mise un peu au second plan, Grant accepte malgré tout de tenir le rôle (pourtant espéré par James Stewart) de Roger Thornhill dans La Mort aux trousses. Il joue un publicitaire pris pour un agent secret imaginaire créé de toutes pièces par les Services spéciaux. Dans ce road-movie palpitant de bout en bout, il tient un rôle physique qui l'emmène aux quatre coins des Etats-Unis dans le but de sauver sa vie et de conquérir celle qu'il aime tout en permettant l'arrestation des gangsters. Ce grand succès public a comblé Cary Grant qui avait pris soin de négocier une participation aux bénéfices. Ce sera sa dernière apparition dans un film d'Hitchcock et il mettra un terme à sa carrière en 1966.
 
 
Cary Grant Hitchcock
   
 

projecteur3  Voir également dans Portraits de méchants l'étude concernant son rôle dans Soupçons.

 

 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 

 

 

Joseph Cotten  Cotten regard
 (1905-1994)

 
L'Ombre d'un doute (1943) : Oncle Charlie Oakley
(Shadow of a doubt)
   
Les Amants du Capricorne (1949) : Sam Flusky
(Under Capricorn)
   
Accident (téléfilm 1955) : William Calley
(Breakdown)
    
Joseph Cotten et Hitchcock
 

 

Joseph Cotten a tourné à trois reprises sous la direction d'Hitchcock, dans deux longs métrages ainsi que dans un téléfilm de 26 minutes de la série "Alfred Hitchcock présente". Il était assez proche du réalisateur et de sa famille et leur entente était cordiale. Ils se fréquentaient volontiers, partageant le même humour.
Il tient son plus beau rôle dans L'Ombre d'un doute film dans lequel il incarne un personnage inquiétant bien que séducteur et parfaitement affable (voir dans la rubrique "Portraits de méchants").
Il aurait pu tenir le rôle de John Ballantine, le médecin amnésique de son film suivant La Maison du Dr Edwardes mais n'étant pas disponible, c'est finalement Gregory Peck qui fut choisi.
En 1949, Hitchcock fait à nouveau appel à lui pour ce qui restera son seul film en costumes : Les Amants du Capricorne. Il y interprète Sam Flusky, nouveau riche et ancien bagnard vivant en Australie et dont l'épouse dépressive (Ingrid Bergman) est en proie à de gros problèmes de conscience. En effet, elle supporte très mal que son époux soit accusé à sa place du meurtre de son frère. Ce film qui n'a pas laissé un souvenir impérissable à son réalisateur nous montre une facette très différente de Joseph Cotten dans un rôle aux antipodes de celui qu'il tenait dans L'Ombre d'un doute. Il y est faussement goujat et on découvre qu'en fait tout est conditionné par l'amour qu'il porte à sa femme.
Sa dernière collaboration a eu lieu en 1955 dans le téléfilm Accident, dans lequel il tient le rôle d'un personnage cynique et sans états d'âme mais qui, victime d'un accident de la route le laissant paralysé, ne doit son salut qu'à la petite larme de peur qui coule de son œil inexpressif. Une façon de montrer qu'il faut toujours rester humble et humain en toutes circonstances, même lorsque tout va bien.

 

 

 

Joseph Cotten Hitchcock

 

 

projecteur3   Voir également dans Portraits de méchants l'étude concernant son rôle dans L'Ombre d'un doute.  

 

 

 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 

 
James Stewart  Stewart regard

 (1908-1997)

 
La Corde (1948) : Rupert Cadell
(Rope)
   
Fenêtre sur cour (1954) : L.B. Jeffries (Jeff)
(Rear window)
   
L'Homme qui en savait trop (2ème version, 1956) : Ben Mac Kenna
(The Man who knew too much)
   
Sueurs froides (1958) : Scottie Ferguson
(Vertigo)
Hitchcock et James Stewart
 

 

Au même titre que Cary Grant, James Stewart a été très apprécié par Hitchcock, autant sur le plan professionnel qu'humain. Sans être intime avec le réalisateur, c'était chose impossible tant ce dernier cultivait le secret, les deux hommes ont toujours entretenu des relations cordiales et presque amicales, Patricia Hitchcock sa fille l'aimait beaucoup comme tous ceux qui l'ont côtoyé ou ont partagé l'affiche avec lui. Stewart était un homme simple à la ville comme sur un plateau. Il détestait les mondanités et restait humble et accessible envers tout le monde, acteurs ou techniciens. A la différence de Cary Grant, il n'exigeait jamais de traitement de faveur et ne revendiquait aucun privilège lié à son statut de star.
Pour Hitchcock, James Stewart représentait exactement l'homme ordinaire, comme on peut en croiser tous les jours dans la rue mais qui sait se transcender lorsque les circonstances l'exigent.
Cary Grant ayant décliné la proposition d'incarner Rupert Cadell le professeur de La Corde en 1948, Hitchcock a confié le rôle à James Stewart, acteur très populaire et héros couvert de gloire lors de la Seconde Guerre mondiale en tant que pilote. C'est le début d'une fructueuse collaboration car Hitchcock voyait en James Stewart le parfait reflet de l'Américain moyen. S'il campe un personnage élitiste dans La Corde, ce ne sera pas le cas dans ses trois rôles suivants où il est un homme simple souvent dépassé par ce qui lui arrive…
Dans son deuxième film pour Hitchcock en 1954, Stewart est un photographe cloué dans son fauteuil roulant à cause d'une jambe fracturée et qui n'a d'autre loisir que d'épier ses voisins tout au long de la journée. C'est la trame de Fenêtre sur cour, film critiqué pour son côté voyeur mais qui est bien autre chose… James Stewart tenait tellement à faire le film qu'il a accepté de ne pas percevoir de salaire, se contentant d'une participation aux bénéfices. Le film ayant eu du succès, il n'a pas eu à regretter son geste. Il est tout à fait convaincant aux côtés de la délicieuse Grace Kelly et le sera encore bien plus dans les films suivants.
Tout d'abord dans L'Homme qui en savait trop, dans le rôle d'un médecin assez modeste embarqué dans une sombre histoire de complot et où mis dans la confidence malgré lui, il doit faire face à l'enlèvement de son fils et s'efforcer de l'arracher aux mains des ravisseurs. Il traduit magnifiquement les craintes et les doutes de cet homme ordinaire face à des événements extraordinaires qui le dépassent. Son regard bleu acier fait passer beaucoup d'émotions. Ce sera encore plus vrai pour sa dernière collaboration dans Sueurs froides. Il est bouleversant en homme meurtri et en proie à de douloureux tourments et qui fait tout pour "reconstruire" la femme qu'il a aimée et qui hélas n'est plus. Sueurs froides est un film déroutant et envoûtant, d'un esthétisme indéniable et dont l'interprétation de James Stewart mais aussi de sa partenaire Kim Nowak sont pour beaucoup dans la réussite finale. Même s'il n'a pas connu lors de sa sortie un grand succès public, c'est incontestablement un des films majeurs d'Hitchcock. Le cinéaste ne sera toutefois pas très reconnaissant envers son acteur puisque si l'on en croit François Truffaut dans la conclusion de son livre d'entretiens, Hitchcock imputait en partie l'échec de Sueurs froides à l'affaissement du visage de James Stewart… c'est un motif pour le moins fallacieux.
Se sentant bien aux côtés du metteur en scène et désireux d'à nouveau travailler avec lui, James Stewart souhaitait ardemment décrocher le rôle principal de La Mort aux trousses, film tourné aussitôt après Sueurs froides. Toutefois Hitchcock ne le pensait pas fait pour incarner le personnage en raison du côté séducteur de celui-ci et voulait depuis toujours le confier à Cary Grant. Refusant tout affrontement et afin de ne pas se fâcher avec James Stewart, il attendit que celui-ci fût pris par un nouveau tournage afin de lui dire que malheureusement il ne pouvait attendre et devait faire le film avec Cary Grant…
 
James Stewart Hitchcock
 
 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 

 

Robert Walker  Walker regard
 (1918-1951)

 
L'Inconnu du Nord-Express (1951) : Bruno Anthony
(Strangers in a train)
 
 
Robert Walker et Hitchcock
 
Assurément Robert Walker tient un des meilleurs rôles de tous les films d'Hitchcock dans L'Inconnu du Nord-Express, il y interprète un méchant hors du commun...
 
 
Robert Walker L'inconnu du Nord Express
 

projecteur3  Voir dans Portraits de méchants l'étude concernant son rôle.
    

 

 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 
Montgomery Clift  Clift regard

 (1920-1966)

 
La Loi du silence (1953) : Le père Michael Logan
(I confess)
Hitchcock et Montgomery Clift
 
Après avoir été pressenti pour tenir le rôle de Brandon dans La Corde, Montgomery Clift a finalement été retenu pour jouer le rôle principal dans La Loi du silence.
Il était un pur produit de la méthode de l'Actors Studio. Hitchcock avait en horreur cette façon de travailler qui se traduit par une introspection intérieure intense de la part du comédien qui doit, pour chaque mouvement qu'il effectue, connaître la motivation du personnage, "pourquoi dois-je faire ceci ?", "pourquoi dois-je me déplacer de cette façon ?"...
Le Maître pour sa part privilégiait largement l'action au personnage et cela explique pourquoi il aimait tourner avec des acteurs qu'il connaissait, cela évitait les mauvaises surprises.
Malgré tout, il faut reconnaître que Montgomery Clift dans La Loi du silence interprète un abbé Logan très crédible. Il avait beaucoup travaillé en amont, notamment sur la façon de marcher avec une soutane et il fait merveilleusement passer le doute et la détresse dans son regard ténébreux. Son attitude, en prêtre lié par le secret de la confession et qui pour ne pas trahir ce secret, se voit accusé à la place du véritable meurtrier est parfaite. Même si Hitchcock reconnaîtra après que ce film était une erreur puisque hormis les catholiques, personne ne pouvait comprendre ce principe du secret de la confession et l'impossibilité de l'homme accusé à tort de se disculper en avouant tout ce qu'il sait et qui lui a été confessé.
Le tournage fut très difficile, en raison notamment de la personnalité tourmentée de Clift. Il était alcoolique et ne pouvait rien faire sans l'assentiment de sa coach personnelle Mira Rostova, omniprésente sur le tournage, ce qui n'était pas sans exaspérer le metteur en scène. Il fallait jongler avec les périodes de "réceptivité" et de lucidité de Clift et bien des fois ses partenaires ou Hitchcock étaient sur le point de craquer tant leurs relations avec l'acteur étaient tendues.
 
Montgomery Clift La loi du silence

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 

Henry Fonda  Fonda regard
 (1905-1982)

 
Le Faux coupable (1957) : Christopher Emmanuel Balestrero
(The Wrong man)
 
Hitchcock et Henry Fonda 

Lorsqu'il tourna Le Faux coupable, Hitchcock voulait coller au plus près à la réalité et c'est ce qu'il fit, même un peu trop selon ses propres propos. Il a engagé Henry Fonda, acteur populaire et très respecté pour jouer le rôle de Christopher Emmanuel Balestrero cet homme pris pour un autre et dépassé par ce qui lui arrive. Il est accusé de plusieurs vols à main armée et tout semble se liguer contre lui, ses ennuis conduiront même son épouse à la folie.
Henry Fonda est remarquable de finesse dans ce rôle. Il campe à la perfection le faux coupable du titre, son jeu d'acteur est bouleversant et on voit passer dans son regard toute la détresse qui lui tombe dessus. La scène durant laquelle il est incarcéré est un pur chef-d'œuvre et est magnifiée par un ingénieux et formidable mouvement de caméra qui simule le tournis qui l'envahit.
Fonda présente une grande ressemblance physique avec le vrai coupable (Richard Robbins, voir son 
"Portrait de méchant") et la superposition de leur visage à la fin du film est une superbe trouvaille de mise en scène comme Hitchcock en avait le secret.
Même s'il regretta pas mal de choses dans ce film, trop proche selon lui du documentaire et manquant d'humour, Hitchcock ne se plaignit jamais du travail d'Henry Fonda. C'était un homme très abordable et très courtois avec tout le monde et doté d'un très grand professionnalisme. Malgré une carrière exceptionnellement riche, il a toujours su rester simple, ce qui plaisait beaucoup au réalisateur qui avait en horreur les acteurs à l'ego surdimensionné.
 
Henry Fonda Le faux coupable

 

 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

Anthony Perkins  Perkins regard
(1932-1992)

   
Psycho (1960) : Norman Bates
(Psycho)
Hitchcock et Anthony Perkins 

Tout comme pour le rôle tenu par Robert Walker dans L'Inconnu du Nord-Express, on pourra retrouver l'étude concernant ce rôle si exigeant dans le "Portrait de méchant" consacré à Anthony Perkins.
 
Anthony Perkins Psychose

projecteur3  Voir dans Portraits de méchants l'étude concernant son rôle. 
   

 

 

    

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

Sean Connery  Connery regard
 (1930-2020)

 
Pas de printemps pour Marnie (1964) : Mark Rutland
(Marnie)
Sean Connery et Hitchcock 
A première vue rien ne prédestinait Sean Connery et Alfred Hitchcock à tourner un film ensemble. L'acteur avait déjà incarné James Bond à deux reprises et le rôle de Mark Rutland dans Pas de printemps pour Marnie, gentleman homme d'affaires de la bourgeoisie de Philadelphie est bien éloigné des aventures de l'agent secret de Sa Gracieuse Majesté. Pourtant Hitchcock tenait à lui pour incarner le rôle et le registre de Sean Connery est suffisamment étendu pour correspondre au personnage. En dépit de son fort accent écossais il sait nous faire croire au personnage de cet homme tombé fou amoureux d'une femme névrosée et kleptomane (Tippy Hedren) qui n'hésite pas à le voler avant de disparaître. Il la retrouvera, l'épousera et l'aidera à percer les mystères de sa personnalité tourmentée.
Connery et Hitchcock se sont très bien entendus durant le tournage, l'acteur au charme indéniable représentait tout ce que Hitchcock aurait aimé être surtout vis-à-vis des femmes. Une scène controversée où est suggéré le viol par Mark de son épouse frigide en raison de son rejet des hommes, a bien failli faire échouer totalement le film en raison de nombreuses réticences de toutes parts, mais Hitchcock a tenu absolument à la conserver contre vents et marées. L'échec du film a marqué le début du déclin du réalisateur qui restait jusque là sur une série impressionnante de succès. Cela n'a pas empêché Sean Connery d'avoir apprécié son unique collaboration avec le metteur en scène.
 
Sean Connery Marnie
   

 

 

    

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

 

mais il y eut aussi des stars aux échecs douloureux...

 

 

 

 

Laurence Olivier
 (1907-1989)

 
Rebecca (1940) : Maxim de Winter
 
 
Pour ce premier film réalisé aux Etats-Unis, Hitchcock confronté aux pressions du producteur David O. Selznick réussit malgré tout à faire engager Laurence Olivier pour incarner le riche veuf Maxim de Winter dans Rebecca. Pourtant de nombreux acteurs, parfois prestigieux avaient été envisagés. Olivier n'a jamais vraiment donné satisfaction au metteur en scène, il semblait mou, triste et manquait de chaleur. Malgré plusieurs tentatives d'Hitchcock pour essayer de le convaincre de faire preuve d'un peu plus d'enthousiasme, Olivier n'a jamais semblé emballé par ce rôle et cela se ressent à l'écran. Il faut dire qu'il préférait de loin le théâtre et revenait d'une expérience malheureuse à Hollywood dont il n'a jamais aimé les pratiques. De plus, il aurait voulu que son épouse Vivian Leigh soit retenue pour jouer la nouvelle Mme de Winter mais Joan Fontaine lui a été préférée. Malgré son interprétation mitigée, Laurence Olivier a été nomminé comme meilleur acteur aux oscars mais n'a pas été récompensé.
 
 
                                                                     Laurence Olivier Rebecca                Laurence Olivier et Hitchcock
 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

Gregory Peck
 (1916-2003)

 
La Maison du Dr Edwardes (1945) : Dr John Ballantyne
(Spellbound)
Le Procès Paradine (1947) : Anthony Keane
(Paradine case)
 
Bien qu'il soit à l'affiche de deux films d'Hitchcock, Gregory Peck a toujours été un acteur "par défaut". Imposé par le producteur David O. Selznick qui l'avait sous contrat, il n'a jamais plu au metteur en scène qui n'aimait pas sa façon de travailler et son inexpérience et aurait aimé obtenir Joseph Cotten pour chacun des rôles qu'il a interprétés.
Peck avant tout un acteur de théâtre à l'époque et qui démarrait seulement sa carrière cinématographique manquait d'épaisseur et que ce soit dans le rôle du Dr John Ballantyne dans La Maison du Dr Edwardes ou de l'avocat Anthony Keane dans Le Procès Paradine, il n'est jamais très convainquant. Comme l'a souligné François Truffaut ce n'est pas un acteur "hitchcockien" car il est creux et n'a aucun regard. C'est vrai qu'il manque d'épaisseur et de conviction.
L'association entre les deux hommes ne restera un bon souvenir ni pour l'un ni pour l'autre.
 
                                                                                                    Gregory Peck Hitchcock                             Hitchcock et Gregory Peck        
     

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

Paul Newman
 (1925-2008)

 
Le Rideau déchiré (1966) : Pr Michael Armstrong
(Torn curtain)
 
Une fois encore pour ce film, Hitchcock affaibli par l'échec de Pas de printemps pour Marnie, dut accepter les acteurs imposés par la production, c'est l'unique raison qui motivait la présence de Paul Newman dans Le Rideau déchiré. Le cinéaste qui, comme on l'a déjà vu, détestait la façon de travailler des comédiens issus de la méthode de l'Actors Studio s'est très mal entendu avec Paul Newman (et très moyennement avec sa partenaire Julie Andrews) au point de lui imputer une bonne part de l'échec du film. Il supportait très mal également les salaires très conséquents versés à ces deux stars qui ont fortement amputé le budget. Hitchcock dont la carrière était sur la pente descendante gardait une forte rancune envers Paul Newman qui était pourtant un acteur très populaire et qui a connu de nombreux succès et dont le talent ne saurait être mis en doute. Cela restera un de ses plus mauvais souvenirs de tournage et l'ambiance était glaciale entre les deux hommes qui s'entendaient très mal et ne partageaient pas du tout la même façon de travailler.
 
                                                                 Paul Newman Le rideau déchiré                      Hitchcok et Paul Newman
                                                                                  

 

Pellicule-Hitch4.jpg

 

 

 

hitchcroquis-gris5.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Partager cet article
Repost0

commentaires