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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 15:13

 

Titre MacGuffin







Ne cherchez pas, même si la consonance peut vous y faire penser, le MacGuffin n'est pas le nom d'une marque de whisky écossais ou le patronyme d'un riche lord Anglais. Sous ce masque mystérieux se cache en fait un concept qui colle parfaitement au cinéma qu'affectionnait Alfred Hitchcock.
Son origine est attribuée de façon quasi certaine au scénariste et ami du réalisateur Angus MacPhail mais le pourquoi de cette dénomination est inconnu. On note toutefois une lointaine similitude avec son patronyme…
Lors de ses entretiens avec François Truffaut, Hitchcock est revenu sur ce fameux MacGuffin et y a rattaché une histoire souvent racontée par MacPhail : « Un homme monte dans un train et dépose une grosse cage dans le panier à bagages. Un voyageur s'en étonne et lui demande de quoi il s'agit. "C'est un piège pour capturer les lions dans les montagnes Adirondaques" lui répond l'homme. "Mais il n'y a pas de lions dans ces montagnes" rétorque le voyageur. "Alors ce n'est pas un MacGuffin !" précise l'homme »
Cela montre le côté futile et sans importance de cette chose.
Il faut toutefois noter que si le MacGuffin a peu d'intérêt pour le spectateur et peu de consistance en lui-même puisqu'on n'en sait jamais rien de façon détaillée, il est primordial pour le héros et est sa motivation principale. Par extension, dans certains films d'Hitchcock, le MacGuffin est le moteur de l'histoire, la raison pour laquelle le héros ordinaire se démène, se voit entraîné dans de folles aventures ou risque sa vie.


Voici dans le détail les "MacGuffin" les plus intéressants :





L'Homme qui en savait trop (1ère version)

The Man who knew too much (1934) : bien que les personnages, les lieux et même les motivations des malfaiteurs soient différents entre cette version et le remake de 1956, le MacGuffin est identique dans chacun des films. Dans cette première version, il s'agit d'une femme (Edna Best) mêlée malgré elle à un lourd secret soufflé à son oreille par un espion français (Pierre Fesnay) juste avant de mourir assassiné. Elle et son mari (Leslie Banks) finissent par apprendre qu'un diplomate étranger doit être abattu par une bande d'anarchistes au Royal Albert Hall de Londres. Afin de faire pression sur elle et de la forcer au silence, sa fille est victime d'un rapt perpétré par les mêmes bandits. Ils doivent donc mener l'enquête pour sauver leur fille et si possible le diplomate.

 LLoupee MacGuffin : le projet d'assassinat d'un diplomate dont on ne sait rien, pas même la nationalité…

34 L'homme qui en savait trop 1



Les 39 marches
The 39 steps (1935) : un homme (Robert Donat) est mêlé fortuitement à une sombre affaire de meurtre. Il tente par tous les moyens d'échapper à des poursuivants liés à une organisation secrète (appelée Les 39 marches) qui fait passer des secrets industriels.
L'originalité de ce film bourré d'aventures et précurseur de ce que sera La Mort aux trousses 25 ans plus tard est la manière dont les secrets sont détenus par les traîtres.
Ils utilisent les talents d'un artiste de music-hall, Mr Memory qui doué d'une mémoire prodigieuse, a appris par cœur la méthode permettant la fabrication d'un moteur d'avion.
Ce Mr Memory n'existe pas dans le roman de Buchan dont ce film est l'adaptation, c'est une trouvaille d'Hitchcock qui s'est inspiré d'un numéro qu'il avait lui-même vu jadis.
M. Memory est victime de sa conscience professionnelle puisque, interrogé par Robert Donat durant une représentation sur ce que sont "Les 39 marches", il ne peut s'empêcher de lui répondre et est de ce fait tué par ses complices présents dans la salle.

 
Loupe Le MacGuffin : une formule secrète dont tout le monde ignore tout.

35 Les 39 marches




Jeune et innocent
Young and innocent (1937)
: dans ce film, le MacGuffin n'est pas un secret mais un objet.
Un jeune homme (Derrick de Marney) est accusé d'avoir tué une femme en l'étranglant avec la ceinture de son imperméable qui a été retrouvée à côté du cadavre. Afin de prouver son innocence, il doit récupérer son imperméable et la ceinture qui lui ont été volés. Après pas mal de péripéties, il retrouve l'imper qui est maintenant la propriété d'un vagabond à qui le voleur (et véritable assassin) a fait cadeau. Hélas, la ceinture a disparu et pour cause, elle est en fait bien l'arme du crime. Grâce à une pochette d'allumettes du Grand Hôtel se trouvant dans une poche de l'imperméable, le meurtrier sera démasqué, il est batteur dans un groupe de musiciens qui jouent dans cet établissement et bien que grimé en Noir, il sera trahi par ses tics nerveux.

 
Loupe Le MacGuffin : une ceinture d'imperméable.

37 Jeune et innocent




Une Femme disparaît
The Lady vanishes (1938)
: une fois encore, la manière de faire transiter un secret est très originale et même on peut le dire, un peu loufoque…
Une jeune femme (Margaret Lockwood) fait la connaissance de Miss Froy (Dame May Whitty), une vieille dame passagère du même train qu'elle, mais cette dernière disparaît peu après. Lorsqu'elle se rend compte que tous les autres voyageurs, y compris ceux qui parlaient avec elle, nient la présence de cette femme à bord du train, elle comprend qu'il se passe quelque chose d'anormal. Après bien des péripéties et des retournements, on apprend que finalement cette vieille dame n'est autre qu'une espionne qui doit faire transiter un secret sous la forme d'une chanson codée !

 
Loupe Le MacGuffin : une chanson codée transcrivant un secret bien étrange.

38 Une femme disparait




Correspondant 17
Foreign correspondent (1940)
: envoyé en reportage en Europe afin de recueillir des informations sur l'éventualité du déclenchement de la guerre, le reporter Johnny Jones (Joel McCrea) est témoin de l'assassinat de Van Meer (Albert Basserman), diplomate hollandais pacifiste et influent. A la poursuite du criminel, il finit par découvrir qu'il s'agit d'un sosie et que le véritable Van Meer n'a pas été assassiné mais est séquestré par une bande de malfaiteurs qui le droguent et le torturent pour lui faire avouer le contenu d'une clause secrète liant deux pays. Dans ce jeu de dupes où les bons ne sont pas ceux que l'on croit, la vérité finira par se faire jour.

 
Loupe Le MacGuffin : la clause n°27 bien nébuleuse, unissant deux pays.

40 Correspondant 17




Les Enchaînés
Notorious (1946)
: légende ou réalité, Hitchcock a toujours prétendu qu'il a été surveillé par le F.B.I. durant le tournage des Enchaînés.
Il s'était en effet renseigné auprès d'un grand physicien américain, le Dr Millikan, lors de l'élaboration du scénario pour savoir comment fabriquer une bombe atomique en vue d'en faire l'un des sujets du film.
Dans Les Enchaînés, la fille (Ingrid Bergman) d'un ex-nazi suicidé dont elle veut racheter les fautes est contactée par un agent du contre espionnage (Cary Grant) pour infiltrer un groupe d'espions à la solde des nazis.
Pour ce faire, elle renoue le contact avec une vieille connaissance qui jadis lui faisait la cour (Claude Rains) qui se trouve être le chef des espions. Bien qu'amoureuse de Cary Grant, elle va jusqu'à se laisser épouser par son courtisan pour arriver à le confondre.
Alors qu'ils cherchent dans la cave de Rains des preuves d'un éventuel complot, ils trouvent caché dans une bouteille de Pommard renversée par maladresse, un minerai qui se révèlera être de l'uranium destiné à fabriquer une bombe atomique.
Bien qu'ayant essayé d'empoisonner son épouse une fois qu'il a découvert sa trahison, Rains et sa bande finiront par être démasqués.

 
Loupe Le MacGuffin : l'élaboration d'une bombe atomique par les nazis.

46 les enchainés




Le Crime était presque parfait
Dial M for murder (1954)
: L'ex joueur de tennis désargenté Tony Wendice (Ray Milland) veut se débarrasser de sa riche, belle mais infidèle épouse Margot (Grace Kelly). Pour ce faire, il use de chantage auprès d'une vieille connaissance en mal d'argent, Swann (Anthony Dawson) qui doit se charger du sale boulot en simulant un cambriolage au cours duquel la malheureuse épouse serait étranglée. Les choses ne se passent pas comme prévu et tel l'arroseur arrosé, l'assassin est assassiné par Margot qui était bien déterminée à vendre chèrement sa peau. Elle poignarde l'assaillant avec une paire de ciseaux. Wendice souhaitant malgré son échec faire condamner son épouse à la peine capitale, va tout faire pour que la légitime défense ne soit pas retenue. Une clé glissée sous le tapis de l'escalier pour permettre au malfaiteur de pénétrer dans l'appartement sans faire de bruit va finalement être le grain de sable qui va enrayer son piège diabolique et permettra de le confondre…

 
Loupe Le MacGuffin : la clé glissée sous le tapis et remise en place par le meurtrier.

54 Le crime était presque parfait




L'Homme qui en savait trop
(2ème version)
The Man who knew too much (1956)
  : comme on l'a vu lors de l'évocation de la première version du film, le MacGuffin a été conservé tel quel pour ce remake.
Les personnages sont différents, leur motivation également mais le but est toujours d'assassiner un diplomate étranger lors d'un concert donné à l'Albert Hall de Londres.
Cette fois Louis Bernard, l'espion poignardé est interprété par Daniel Gélin et il livre son secret à Ben MacKenna (James Stewart), médecin américain revenu visiter le Marrakech de sa jeunesse.
Le suspense est haletant et orchestré dans un crescendo très habile où l'humour, comme toujours avec Hitchcock, n'est pas absent.
La scène à l'Albert Hall a gagné en intensité dramatique par rapport à la première version et le dénouement est plus élaboré.

 
Loupe Le MacGuffin : le projet d'assassinat d'un diplomate étranger.

56 L'homme qui en savait trop 2




La Mort aux trousses
North by northwest (1959)
: avec ce film plein d'action et riche en rebondissements, Hitchcock reconnaissait lui-même avoir atteint le summum du vide en matière de MacGuffin. Il a en effet expliqué à Truffaut que toute l'intrigue et les péripéties qui en découlent reposent sur la profession de l'espion Vandamme (James Mason). Lorsque Roger Thornhill (Cary Grant) demande au responsable du contre-espionnage américain (Leo G. Carroll) la profession de Vandamme, ce dernier lui répond "il travaille dans l'import-export de secrets internationaux". Hitchcock a souligné le vide sidéral qui se cache derrière cette réponse. Même si on ne sait rien de la teneur de ces secrets, on sait malgré tout que Vandamme les détient dans des microfilms dissimulés dans une statue Incas qui est l'objet de toutes ses attentions.

 
Loupe Le MacGuffin : la statuette renfermant les microfilms bourrés de secrets.

59 La mort aux trousses





Psychose
Psycho (1960)
: le film est un tel classique référencé comme le summum de l'angoisse qu'on en oublie que son point de départ est un MacGuffin…
Marion Crane (Janet Leigh) est employée dans une société d'assurances. Un client remet à son patron une somme de 40 000 $ qui est ensuite confiée à Marion pour qu'elle aille la remettre à la banque. En chemin, elle imagine que cette manne inattendue et qui lui tend les bras serait le moyen le plus facile de la sortir de ses ennuis et de pouvoir s'enfuir avec celui qu'elle aime. Elle prend donc la fuite l'argent en poche, remplace sa voiture en route et se retrouve un peu par hasard dans un motel isolé et vide de clients.
Le patron des lieux, Norman Bates (Anthony Perkins), un jeune homme sympathique et solitaire vivant avec sa mère se confie à elle. Marion prend ensuite peu à peu conscience de la gravité de son geste et envisage de repartir dès le lendemain matin et de redonner l'argent. Le destin en décidera autrement…
L'enchaînement des événements qui suivent est tellement surprenant et angoissant que l'on perd vite tout intérêt pour l'enveloppe contenant l'argent que Marion a cachée dans un journal. C'est pourtant le point de départ de tous ses ennuis et à cause d'elle qu'elle s'est mise dans cette fâcheuse situation. L'enveloppe disparaîtra avec les affaires de Marion, afin de supprimer toute trace de son passage, sans que le meurtrier l'ait remarquée. Ce n'était de toute façon pas sa préoccupation ni le mobile de son crime.


 Loupe Le MacGuffin : l'enveloppe contenant les 40 000 $ dérobés par Marion à son employeur.

60 Psychose





Le Rideau déchiré
Torn curtain (1966)
: même si ce film comporte beaucoup de défauts et confirme après Pas de printemps pour Marnie (1964) le déclin d'Hitchcock, il n'en demeure pas moins qu'il recèle quelques scènes d'anthologie et son MacGuffin est très intéressant.
Un professeur américain, Mickael Armstrong (Paul Newman) se fait passer pour un traître passé à l'ennemi, en l'occurrence l'ex Allemagne de l'Est, afin de récolter des renseignements précieux sur la fabrication d'un missile.
Bien que souffrant d'un anticommunisme assez primaire, les péripéties du Professeur Armstrong ne manquent pas d'intérêt ni même de crédibilité. L'espionnage industriel est une réalité depuis toujours et en dépit d'un côté un brin caricatural, le film retrace avec intelligence les moyens mis en œuvre pour réussir à voler des renseignements qui n'ont pas de prix.

 
Loupe Le MacGuffin : une formule secrète tarabiscotée dont personne ne comprend rien.

66 Le rideau déchiré





Cette liste n'est pas exhaustive et il existe d'autres MacGuffin, parfois éphémères ou secondaires dans l'oeuvre d'Hitchcock, je vous laisse les découvrir par vous-même...





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commentaires

S
Yeah. It is true that MacGuffin had little interest for the viewers. I couldn’t really follow the main motivation behind all his plans. Sadly I couldn’t enjoy the movie as others did. Anyway, thank you so much for sharing this interesting post.
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